samedi 31 juillet 2010

un petit bilan


































Hello à tous,

Voilà bien longtemps que je ne vous ai pas donné de nouvelles en dehors de la lettre « officielle » de juin ! Alors je vais me rattraper un peu en commencant par remercier les personnes qui m’ont écrit un mail, donné de leurs nouvelles et réagi à ce que je racontais ! Ca me fait toujours plaisir. Voilà bientôt une année que je suis loin et avant de revenir en suisse pour quelques semaines, c’est le moment de faire un petit bilan. Qu’est-ce que cette année m’a apporté en découvertes, surprises et autres ? Voici quelques chiffres :

- + ou – 4000 mètres, c’est l’altitude la plus haute que mes petits poumons ont « dû » supporter. En avril, j’ai eu la chance d’aller avec une amie faire une belle randonnée pour presque atteindre le sommet du volcan de Toluca. Vu le peu d’informations que nous avons pu trouver sur internet avant de partir, c’est donc en improvisant que nous avons commencé l’aventure. Tout ce que nous savions, c’est qu’il était possible de loger vers 3000 mètres dans une cabane de montagne. Arrivées donc à la cabane, nous découvrons ce qui un jour a dû être un joli petit hôtel mais que nous avons trouvé dans un état de délabrement plus ou moins avancé (pas de courant, pas vraiment d’eau au toilette et l’état de propreté douteux). Après une très courte nuit emmitouflées dans deux couvertures, pulls, k-way avec capuchon etc.. parce qu’il faisait vraiment froid, nous nous sommes mis en route pour atteindre les deux cratères du volcan. L’excursion a vraiment valu la peine du début à la fin !

- 10 sur 31, c’est le nombre d’états dans lesquels j’ai eu l’occasion de séjourner un certains temps dans le cadre de mon travail. La durée va d’un jour dans l’état de Hidalgo à 4 mois dans l’état de Puebla. Ne me demandez pas si j’ai vu les coins connus du Mexique comme les fameuses villes de Puebla ou Oaxaca, car mes pas « professionnels » m’ont amenés à découvrir des coins des différentes régions montagneuses où la tranquilité de la nature règne en maîtresse. Une petite semaine de vacances m’a permis de découvrir le bord de mer dans l’état de Oaxaca. Si ca continue comme ça l’année prochaine, j’aurais mis le pieds dans 2/3 des états du Mexique en deux ans !

- 342 heures, c’est le temps que j’ai environ passé dans une voiture ou dans un bus ces 9 derniers mois sans compter les petits déplacements, le trajet le plus court étant de 2 heures et le plus long de 18 heures consécutives. Mon temps de déplacement pour aller à Chimalhuacan où je vais en moyenne trois fois par semaine est de 4 heures aller-retour. Voici un beau bus vert dans lequel on a la place de s’asseoir, les petits bus sont bien plus inconfortables car il n’y a pas la place pour les jambes entre deux sièges et je ne suis pas si grande que ça ! Mais depuis le temps, j’ai appris à dormir dans n’importe quel moyen de transport, juste le transport à dos d’âne que je n’ai pas encore essayé…

- 18 heures, c’est l’heure à laquelle il vaut mieux être chez soi que dans la rue durant la saison des pluies qui dure 6 mois (je me suis fait avoir quelques fois au début par exemple avec un sac à dos rempli de linge propre sur le dos et 20 minutes de marche à faire… charmant !). Chaque jour, c’est exactement à cette heure que les gros orages commencent, inondant les rues de mexico city en quelques minutes. Dans la périphérie de la ville, à Chimalhuacan, il est parfois alors impossible de rouler en voiture et l’averse faisant descendre des pierres, de la boue et autres éléments de la coline dans les rue de cette banlieue, les habitants nettoient CHAQUE JOUR les rues pour pouvoir se déplacer à nouveau en voiture. Ces inondations quotidiennes et inévitables, la ville et sa banlieue étant construites sur un ancien lac, sont vraiment impressionnantes !

- 15, c’est le nombre de fois que j’ai prêché depuis début janvier alors que j’avais décidé de ne pas faire mon stage pastoral pour ne pas devoir prêcher … trop souvent et que ma tâche « principale » au Mexique était et devrait être plutôt de l’enseignement. Mais vous savez quoi ? Au fil des mois et des prédications j’ai découvert que j’aimais bien prêcher ;-)

J’ai quitté donc le village de Zongozotla dans les montagnes de Puebla au mois de mai pour commencer à travailler à Chimalhuacan. Ces dernières semaines ont été bien remplies par le travail avec les enfants & les jeunes, la formation des responsables du culte de l’enfance, l’enseignement biblico-théologique et les prédications. C’est une nouvelle situation et des nouveaux lieux de travail qui me satisfont entièrement. J’ai aussi découvert ces derniers mois que ce n’est pas une évidence non plus en milieu urbain & péri-urbain de voir une femme prêché ou prendre des responsabilités dans l’église. Il n’est pas difficile d’imaginer la difficulté et le problème que ca a pu poser dans un petit village de montagne. Il me semble sage de commencer à tenter d’ouvrir des portes dans les églises urbaines & péri-urbaines avant de vouloir le faire dans la campagne mexicaine. Que va-t-il être possible de faire durant la 2ème année ?

- Et finalement, 1 sombrero et une paire de bottes ! Lorsque vous pensez aux mexicains, quelle est la première image qui vous vient à l’esprit ? Plusieurs personnes m’ont demandé si en suisse l’image « typique » que nous avions du mexicain était celui d’une personne avec un sombrero et des bottes. Est-ce vrai ? Pour ma part, je suis assez d’accord avec la déclaration d’un suisse que j’ai rencontré à Mexico city qui me disait que finalement les mexicains et les suisses se ressemblaient beaucoup ;-) Comment ? Je vous laisse réfléchir un peu et redemandez moi ! Allez, je veux tous vous voir avec un sombrero et des bottes cet été ! ;-)

Le bilan est donc positif sur toute la ligne pour cette première année ! En attendant le mois de septembre pour de nouvelles aventures, je vous souhaite un très bel été à chacun(e) et au plaisir d’avoir de vos nouvelles !

Lettre circulaire No 2


Chère famille, Chers amis, Chers lecteurs

C’est une tâche bien difficile qui m’incombe de vous partager quelques impressions et nouvelles des 5 derniers mois qui ont été si riches en découvertes, intenses au niveau du travail et rythmés par des changements, qu’il est difficile de les résumer. Permettez moi de vous donner un petit aperçu en vous ouvrant quelques fenêtres sur ces derniers temps au Mexique, en vous racontant ce qui m’a touché, fait réfléchir et rire.

Une 1ère fenêtre : la rencontre interculturelle et la vie dans une communauté

Après quelques mois à Mexico City, je suis partie en janvier à Zongozotla pour aller m’installer dans ce village et commencer mon travail dans cette région très montagneuse. Un des événements les plus marquants, qui décrit bien la manière de vivre dans cette communauté indigène, restera l’aménagement de mon logement. En deux temps trois mouvements, tous mes meubles ont été montés, un petit « escabeau » crée avec quelques planches de bois qui traînaient dans le coin pour que ma petite cuisinière soit à la bonne hauteur. Mais surtout, lors du déballage des cartons et de la mise en place des meubles, un petit groupe de femmes m’accompagnait physiquement et par ses conseils de la chambre à la cuisine et vice-versa : « le lit plus à gauche, la commode contre l’autre mur... ». Sans aucun doute, c’est mon petit four qui aura, dès le départ, suscité un grand intérêt chez chacun, en tant que futur-e pâtissier-e ou futur-e dégustateur-trice d’un gâteau au chocolat. J’ai ainsi pu constater que la vie en communauté est le mode d’existence dans ce village et ce n’est pas l’individu mais la famille qui est au centre de ce système. Alors mon souhait d’un logement personnel aura été tout aussi inconcevable pour eux que le fait de ne pas pouvoir se retirer si facilement de la vie en commun pour moi. J’ai découvert une grande solidarité, un accueil formidable et j’ai été intégrée dans la famille du pasteur dès le début.

La cuisine est un lieu très important de réunion, à toute heure du jour et presque de la nuit, pour partager un plat de viande avec quelques tortillas au coin du feu et échanger les dernières nouvelles du village. J’ai rencontré des difficultés à participer aux discussions, car les gens parlent tout le temps en Totonaco. Si dans certaines autres régions du Mexique la jeune génération délaisse petit à petit leur langue natale au profit de l’espagnol, dans ce petit village de la Sierra Norte toutes les générations entament tout naturellement une conversation dans leur langue. Non seulement toute la vie sociale est en Totonaco, mais le culte aussi. J’ai ainsi dès le départ eu la possibilité d’une immersion totale dans cette langue qui a été accompagnée par trois heures de cours hebdomadaires pour que je puisse l’apprendre rapidement. Je me souviendrai encore longtemps de ma première leçon durant laquelle on a tenté de m’expliquer les différentes manières de saluer qui dépendent du climat, de l’heure mais aussi de la position statique (sur le pas de porte) ou de la direction dans laquelle l’une et l’autre personne se dirige. En tout et pour tout, il y environ 50 manières différentes de se saluer. Pour ma part, je me suis déclarée satisfaite après avoir appris les 4 principales: Tlan Quiltamacu (bonjour), Ahi Kgotanolh (bon après-midi), Ahi Tziswalh (bonsoir) et pour les personnes étrangères à la communauté: Skalghen.

Cette dernière année, deux événements ont particulièrement fragilisé ce village au niveau économique. Il y a eu tout d’abord une caisse d’épargne qui est venue s’installer à Zongozotla, proposant ses services et promettant la possibilité d’une épargne avec un taux d’intérêt mirobolant. La banque la plus proche étant à deux heures de voiture, les habitants de ce village se sont rapidement laissés convaincre d’y déposer leurs économies. Après un peu plus d’une année de service, les responsables de cette caisse d’épargne sont partis avec la caisse. Il va sans dire que les gens de Zongozotla ne reverront jamais leur argent. Les conséquences ont bien évidemment été terribles au niveau du travail et de leur situation économique comme ils n’avaient plus de quoi payer ni la main d’œuvre nécessaire à la récolte du café, ni, pour certains, pour rembourser les emprunts pris pour acheter un terrain agricole. Et puis, cet hiver a été bien plus froid et plus pluvieux que d’habitude, ce qui a créé de grandes pertes dans la récolte de café dont le 80% n’avait pas la qualité nécessaire pour être vendu à un prix plus ou moins correct et permettre aux familles d’avoir les ressources financières pour travailler (achat de nouveaux plantons et d’engrais) et pour subvenir à leurs besoins cette année. Les arbres n’ont heureusement eu que peu de dégâts contrairement à l’hiver 2002 durant lequel le gel les avait tous détruits. Ils avaient dû, à l’époque, remplacer tous les caféiers et attendre 3 ans avant de pouvoir récolter les premiers fruits, 3 ans sans revenus... Ils mettent aujourd’hui tous leurs espoirs sur une excellente récolte en novembre- décembre prochain, afin de voir s’améliorer leur situation. L’année 2010 s’annonçait donc dès le départ très difficile et, comme le disait un homme de l’église : « jusqu’en juin nous avons encore de quoi vivre après ce sera très dur... ».

Une 2ème fenêtre : la religion dans les montagnes de la Sierra Norte

La vie quotidienne de ces familles productrices de café est rythmée par les 4 cultes hebdomadaires en soirée et le dimanche matin. J’ai pu découvrir durant ces quelques mois, une manière de vivre et d’exprimer la foi qui est très différente de la mienne. Le séminaire baptiste travaille dans ce village avec une église pentecôtiste qui met l’accent principalement sur le chant et la prière (pour la guérison des malades). Lors d’un culte d’une durée de 3 heures, la place faite à la prédication est très marginale et les thèmes abordés sont pour la plupart en lien avec la fin du monde, le jugement et la seconde venue du Christ. L’intérêt pour de tels sujets a bien entendu été avivé ces derniers mois par le film 2012 (prédirait-il le déroulement de la fin du monde ?) et par les nombreux tremblements de terre qui sont interprétés par les personnes de cette église comme des signes de la fin des temps. C’est à travers une foi très dualiste qu’ils tentent de comprendre le monde, la vie, la mort. Ainsi, une forte séparation est faite entre la vie actuelle qu’il faut traverser et la vie éternelle promise aux croyants dans laquelle les attendent des richesses fabuleuses. Mener une vie sainte signifie, dans cette vision de la foi, s’éloigner du monde, des préoccupations de la vie quotidienne pour préférer la prière, la louange et fixer son regard sur la promesse d’une vie meilleure après la mort. Les pasteurs ne parlent généralement que d’un salut postérieur et surtout d’une récompense pour ceux qui sont et restent fidèles à Dieu. La Bonne Nouvelle n’est alors qu’une promesse future et non une possibilité de vie dans le quotidien, invitant chacun à s’engager dans son lieu de vie pour plus de justice et de paix (en commençant par dénoncer les injustices passées et présentes).

Les conditions de vie sont difficiles, la visite chez le médecin lors d’une maladie un luxe qu’ils ne peuvent se permettre et les derniers événements « économiques » n’ont fait qu’aggraver la situation et certainement diminuer l’espoir en une amélioration des conditions de vie, en la possibilité d’un monde plus juste et équitable pour tous... Alors comment ne pas désirer trouver refuge hors de cette réalité dans la foi, la croyance en un Dieu médecin et la promesse d’un au-delà paradisiaque ? Comment ne pas fuir cette réalité en passant le plus de temps possible à l’église ? Peut-être que, vivant dans la pauvreté, l’espérance d’une récompense après la mort est une consolation et permet de trouver la force et le courage nécessaire pour continuer à travailler et à vivre ? C’est seulement que je crois à la possibilité d’une vie digne ici et maintenant. En étant confrontée ces derniers mois à une autre réalité sociale mais aussi à une telle compréhension de la foi, je me suis rendue compte de l’importance du témoignage en paroles et en actes d’une foi qui conduit à briser le cercle vicieux de l’injustice menant au fatalisme pour permettre et créer un monde plus juste et solidaire.

Plusieurs d’entre vous m’ont demandé à quoi pouvaient ressembler les fêtes de Pâques dans un petit village au Mexique. Une amie me racontait son expérience de la Pâque en Bolivie, riche en couleurs et en vie. Certes, la « Semana Santa » est un moment très important au Mexique, d’une part parce que c’est la seule semaine de vacances par année des mexicains qui en profitent pour aller au bord de la mer. Et d’autre part, pour l’église catholique, qui la célèbre par des processions et des messes auxquelles assistent un nombreux publique. Force est de constater que le souci de l’œcuménisme, tellement cher à nos cœurs européens, n’est pas pour demain dans ce pays. En effet, les protestants (pentecôtistes, baptistes, méthodistes etc..) s’auto déclarent chrétiens (qui croient vraiment) en opposition aux catholiques qu’ils considèrent comme ne vivant pas une vie croyante dans la droiture. La foi pentecôtiste a apporté dans cette région principalement la proposition d’un changement de comportement, une vie « sans vices », que ce soit la consommation d’alcool à outrance, la « débauche » sexuelle ou encore la danse, en faisant de ces « vices » un tabou et en les interdisant. Cette proposition de conduite morale a certes permis une amélioration des conditions de vie des nouveaux convertis qui consacrent leurs journées non plus à la boisson mais au travail. Cependant, cela a incité les convertis pentecôtistes à prendre leurs distances avec le catholicisme et à ne pas les considérer comme chrétiens. C’est pourquoi, tout élément considéré comme catholique a été banni de leur pratique spirituelle (la croix comme pendentif ou autre, les bougies etc..) mais surtout toutes les fêtes du christianisme sont considérées comme catholiques et ne sont ainsi pas fêtées chez les évangéliques protestants, que ce soit Noël, Pâques, l’Ascension ou encore Pentecôte. Ce phénomène peut être observé dans toutes les églises protestantes de la campagne mexicaine, qu’elles soient méthodistes, baptistes ou pentecôtistes.

Cette nouvelle conduite morale par l’interdiction de l’alcool et de la danse a conduit à la suppression des fêtes traditionnelles totonacas et ainsi, petit à petit, à la perte de leur identité culturelle. Il serait intéressant et important de faire un travail de mémoire au niveau des traditions et de la culture totonaca qui ont été purement et simplement supprimées et, par la suite, de réfléchir à une foi chrétienne propre à cette identité retrouvée. Mais surtout, on peut s’interroger aussi sur l’identité d’une communauté chrétienne pour laquelle la célébration et la commémoration des événements « centraux » de la tradition chrétienne n’ont pas de place. Peut-on encore parler de christianisme ? Y a-t-il une perte de l’essence de cette religion ?

Une 3ème fenêtre : mon travail

Je vous disais dans ma première lettre être partie au Mexique pour m’intégrer dans l’équipe responsable du projet de la formation biblico-théologique à distance dont l’objectif est de former non seulement les pasteurs et responsables d’église, mais toute la communauté. Son but est de leur permettre d’apprendre à connaître l’histoire de leur tradition confessionnelle mais aussi tout simplement la Bible, le message de l’Evangile (connaissance biblique mais aussi encourager une réflexion sur leur foi) afin de responsabiliser les églises pour qu’elles puissent s’engager dans leur lieu de vie en faveur de la justice (à cause des injustices flagrantes et de la grande pauvreté qui en découle) et de la paix (relation entre catholiques et protestants).

Dès la première semaine de ma présence à Zongozotla et la première leçon de la formation biblique, le taux de participation proche de zéro a suscité une première discussion sur l’intérêt porté à la formation par les églises locales et surtout vérifier si une telle proposition de la part du séminaire répondait aux besoins et demandes des églises de la Sierra Norte de Puebla, une discussion qui s’est répétée tout au long des derniers mois. Les raisons mentionnées pour expliquer le manque d’intérêt pour la formation sont très diverses, passant par une justification par l’appartenance au mouvement pentecôtiste qui met l’accent sur la prière et la louange, un manque de temps et d’habitude pour l’étude et un intérêt pour l’action mais non la réflexion. Au fil des semaines, différents changements ont été apportés à mon plan de travail. Il a même été envisagé de mon côté de commencer par une activité pratique (un projet de pastorale sociale) et, par ce biais là, d’introduire de manière informelle une réflexion sur la foi. Force a été de constater que les souhaits et demandes concrètes de l’église de Zongozotla correspondaient à un accompagnement pastoral et non à une proposition de formation biblico-théologique. J’ai été amenée à mettre au second plan ladite formation pour me concentrer sur diverses activités comme des rencontres pour les jeunes et les enfants de l’église ainsi que des prédications deux fois par mois. Ce programme d’activités a aussi été proposé à deux autres églises de la région (Huitzilan et Pahuata), ce qui nous a conduit (2 jeunes et quelques anciens de l’église de Zongozotla) à les visiter une fois par mois durant toute une journée.

Un point fort de mon travail dans cette région a sans aucun doute été le travail avec les enfants. C’était un réel plaisir de voir les enfants rigoler et s’amuser. Les enfants présents avaient entre 2 ans et 10 ans et il n’a pas été facile de trouver des activités qui puissent intégrer les petits comme les grands. Mais chacun a joué le jeu et même les plus petits ont pu participer à chaque moment de la rencontre. Quelle joie de voir une petite fille de 2 ans courir après une grande de 10 ans lors du jeu du mouchoir et constater que, tant l’une que l’autre, avait du plaisir à jouer, même s’il était évident que la petite ne pourrait jamais rattraper la plus âgée ! Quels moments de bonheur aussi lors des après-midi « pâtisserie » chez moi avec une dizaine d’enfants de Zongozotla qui sont passés en peu de temps d’apprentis à maîtres biscuitiers. Les quelques formes de biscuits que j’avais achetées, ont très rapidement perdu tout intérêt au profit du simple couteau qui permettait d’exprimer toute l’imagination et la créativité de certains enfants qui n’ont pas hésité à créer des biscuits en forme d’ours, de dinosaures et d’animaux fantastiques. Après avoir patienté longuement pour que mon petit four veuille bien peaufiner leur travail, ils sont retournés chez eux pour montrer leurs œuvres d’art aux parents, quoique quelques biscuits ont très certainement disparus, engloutis par ces petits gourmands sur le chemin du retour.

Concernant la formation biblique, l’église qui a répondu positivement à une telle proposition est l’église de Huitzilan. Cette église, sur demande de quelques personnes d’un village voisin (el Paraiso), a commencé à y organiser des cultes avec l’objectif de fonder une nouvelle église. Ces personnes ont posé des questions sur la Bible auxquelles l’équipe de Huitzilan ne pouvait pas donner de réponse par manque de connaissances. C’est ainsi qu’ils se sont rendus compte de l’importance de la formation biblico- théologique pour accompagner les personnes d’une église naissante. Des temps pour apprendre, réfléchir à sa foi, sa confession et sa tradition ne peuvent être imposés, mais doivent être une envie et une demande de la part des églises. L’intérêt ne peut pas être imposé, mais seulement parfois suscité par une rencontre ou une discussion. Il a fallu constater que le temps n’est pas encore mûr à Zongozotla et Pahuata pour commencer cette nouvelle étape d’apprentissage et de réflexion commune sur la foi et offrir une formation biblico- théologique. Au fil des mois, les portes se sont gentiment fermées pour moi dans la région de la Sierra Norte de Puebla (et surtout dans mon lieu de travail principal : Zongozotla) pour différentes raisons : des tensions internes à l’église entre un courant plus conservateur et un autre plus libéral, le machisme ambiant (une femme n’aurait pas le droit de parler en publique), la prière et la louange considérés comme amplement suffisants pour la vie spirituelle et aussi que le temps n’est pas encore venu pour entamer un processus de formation. C’est pourquoi, la décision a été prise par toute l’équipe du séminaire baptiste (SBM), en accord avec DM, d’une modification de mon lieu de travail, même s’il est évident que les relations restent et que je visiterai les églises de la Sierra Norte avec d’autres personnes de l’équipe du Séminaire.

Une porte se ferme donc en partie dans la région de la Sierra Norte de Puebla mais une autre s’ouvre pour moi à Chimalhuacan qui peut-être considérée comme la « banlieue » de Mexico. Le contexte est très différent d’un village de montagne ainsi que les sujets de préoccupation au niveau social : la qualité de l’éducation scolaire laisse vraiment à désirer et l’on peut observer chez beaucoup d’enfants de grandes difficultés à lire et à écrire. Le taux de violence (viols, bagarres etc...) est très élevé dans les quartiers de cette banlieue et la drogue omniprésente. Le séminaire baptiste offre des cours de formation biblico-théologique depuis une dizaine d’année dans différentes églises de ce lieu. J’ai eu l’occasion de visiter une église pentecôtiste dont certains membres suivent depuis un peu plus d’une année cette formation et assistent actuellement à un cours d’homilétique. Lors de ce cours, les discussions étaient très animées et tous les étudiants participaient. L’intérêt pour se former et réfléchir à leur propre foi est donc bien présent. L’église a aussi le souci de s’engager dans son quartier pour un monde plus juste par différentes activités comme par exemple une animation avec un repas est proposé chaque samedi pour les enfants. Les coordinatrices de cette activité, auquel je participe actuellement, ont le souhait de l’élargir en offrant un appui scolaire aux enfants du quartier qui viennent à la rencontre du samedi. Sur demande du pasteur et des responsables, je vais pouvoir m’intégrer à différents niveaux dans la vie et le travail de cette église :

en offrant deux ateliers de formation aux responsables de ce projet d’enfants
en donnant dès septembre une formation en pédagogie de la religion dans le cadre de la formation biblico-théologique
en accompagnant le projet pour les enfants du quartier.

J’ai aussi été invitée à prêcher un mercredi de juin, durant le culte, pour les jeunes, et à participer à une sortie fin juillet pour apprendre à mieux se connaître.

Et finalement, un pasteur de l’état de Guerrero m’a demandé de donner un atelier- conférence mi-juillet dans son église à Guerrero dans le cadre de la formation biblico- théologique sur la question : « Qu’est-ce que la théologie et quelle est son importance pour le ministère pastoral ? ». C’est non seulement un sujet qui me passionne, mais qui me semble d’une importance capitale. C’est pourquoi, je me réjouis beaucoup d’aller rendre visite à cette église et de pouvoir chercher ensemble des pistes de réponses à leur question.

Les prochains mois s’annoncent passionnants et, une fois de plus, riches en découvertes. Je me réjouis déjà d’écrire la prochaine lettre de nouvelles pour vous présenter en détail ce projet communautaire très prometteur de l’église pour les enfants de Chimalhuacan. En attendant de vous redonner de mes nouvelles, je vous souhaite un tout bon été !

Avec mes meilleures salutations de Mexico City

Sarah Badertscher

Lettre circulaire No 1


Chère lectrice, cher lecteur,

Ce matin en me réveillant, je me suis rappelée une prédication que j’ai faite il y a quelques années sur un passage de Qohélet qui dit "il y a un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel"(Qo 3,1-8). Le temps... parfois une denrée rare qui nous file entre les doigts sans que nous nous en rendions compte. Combien de fois aurais-je aimé avoir plus de temps à ma disposition ou pouvoir l’arrêter pour un moment, surtout en cette période de l’Avent souvent très chargée ! Combien de fois me suis-je plongée dans le passé ressassant des moments qui me semblaient meilleurs que mon présent ? Combien de fois me suis-je projetée dans le futur, un temps toujours rempli de belles promesses, pour fuir un jour moins rose ? Le temps, réellement un élément qui est à notre disposition et que nous maîtrisons ?

Je me souviens avoir raconté aux personnes qui m’écoutaient alors, qu’il n'y a pas un temps d'une minute, d'une heure ou d'un jour, mais bien un temps pour rire, un temps pour pleurer, un temps pour danser ! Le temps ne serait pas en soi, n'existerait pas en tant que tel mais c'est par son contenu qu’il obtiendrait vie et forme : parler, se taire, pleurer, rire, planter, arracher, s'énerver, aimer! N’y aurait-il pas dans ce texte de Qohélet une invitation à ne pas réfléchir au temps en terme de valeur, mais plutôt de se dire que le temps, c'est de l'histoire. Et pas n'importe quelle histoire, mon histoire ! Oui, ce matin, je me suis rappelée comme il est important de vivre pleinement et consciemment le présent qu’il soit un temps de paix, de joie ou un temps qui bouleverse, perturbe et remet en question, afin qu’il devienne partie intégrante de mon histoire et qui sait, lui donne un tournant inattendu. Laissez-moi vous conter quelques-uns de ces bouts d’histoire que j’ai vécus ces derniers trois mois !

A vos marques.... Un temps pour apprendre

Mon engagement avec DM-échange et mission a débuté par un temps d’un mois de formation pédagogique et linguistique à Cuba, mais qui a également été l’occasion de faire la connaissance de personnes qui m’ont offert de précieux moments de rire et de discussions ! Voici quelques épisodes et découvertes clefs de mon séjour sur cette île :


Une petite question économique

Lors d’une rencontre de responsables de micro-projets liés à l’agriculture, deux professeures d’économie de l’université de La Havane ont été invitées à parler de la place que l’agriculture devrait avoir dans l’économie cubaine. L’idée très étrange fut présentée de ne pas avoir comme objectif final le profit économique mais le développement holistique de l’être humain.
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Encore plus surprenant, ces professeures ont dit la nécessité de Cuba de prendre soin du secteur primaire et perçoivent l’importation de denrées de 1ère nécessité comme une aberration. Ces déclarations sont-elles dues au contexte socialiste particulier de ce pays ou pourraient-elles concerner tout pays indifféremment de son orientation politique ? Ces quelques paroles ont titillé mes oreilles de fille d’agriculteur.


La découverte de la réalité politique et sociale


Lors d’un atelier avec les leaders de différentes communautés religieuses sur la question des études genre, la situation sociale, politique et religieuse de Cuba a aussi été abordée. J’ai été impressionnée comme les gens ont parlé très ouvertement de leur situation. Certains ont même parlé d’une manipulation de la part des dirigeants. D’un point de vue extérieur je ne peux que leur donner raison, car il n’y a dans la rue de la publicité que pour un seul produit : le parti politique. Chaque slogan désire démontrer la beauté du système et encourage les gens par exemple à être solidaires et à garder leurs valeurs face à la crise du monde capitaliste. J’ai trouvé très surprenant d’entendre parler du concept de la révolution comme programme politique et non comme moment bref dans l’histoire d’un pays.

Lors de ma préparation à mon séjour à Cuba, j’avais lu un article qui présentait les questions de logement, de transport et de la nourriture comme les trois plus grands problèmes de ce pays. J’en ai eu confirmation dès les premiers jours à La Havane. En effet, les bus sont bondés et le long des routes est peuplé de personnes qui attendent un moyen de locomotion. Ils attendent parfois des heures avant qu’une voiture s’arrête. J’ai pu me rendre compte en rendant visite à des Cubains, que cette promiscuité expérimentée dans les bus de La Havane, ils la vivent au quotidien chez eux. La grande crise du logement oblige plusieurs générations à vivre sous un même toit. Dans chaque pièce d’un appartement, il y a un ou deux lits, les murs séparants les pièces ne montent souvent pas jusqu’au plafond et les portes n’existent pas. Point d’isolement ni d’intimité possible...

Les formations : remplissage de ma boîte à outil

Tout au long de mon séjour j’ai eu la chance de pouvoir assister à différentes formations comme spectatrice ou comme participante : éducation populaire, cours de théologie pratique au séminaire évangélique de théologie de Matanzas, formation biblique pour les moniteurs d’école du dimanche etc... J’ai été très heureuse de découvrir ce qu’est l’éducation populaire, une méthode de formation très utilisée en Amérique Latine, qui met l’accent sur la construction du savoir de manière collective. Associée à certains préceptes pédagogiques que j’ai eu l’occasion d’étudier durant mes études, elle me donne d’importantes clefs pour mon futur travail au Mexique. Le cours de théologie pratique sur le développement de l’être humain et ses implications pour la pédagogie de la religion a également suscité mon intérêt. Si le sujet m’était connu d’un point de vue européen, les auteurs abordés ne l’étaient absolument pas. Comme quoi, on n’a jamais fini d’apprendre en théologie ! Ma boîte à outils a ainsi gentiment pris forme, je me réjouis de découvrir la réalité qui m’attend au Mexique et de me mettre au travail !
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Une surprise de taille

Justement en parlant de la réalité qui m’attend au Mexique... les dix premiers jours de formation à Cuba auront aussi été l’occasion de faire la connaissance de trois futurs collègues : Noé, le responsable du cours à distance en théologie du séminaire baptiste, Timoteo et Alberto qui vivent à Zongozotla et ont des responsabilités dans leur église. Ce temps passé ensemble a permis de commencer à nous apprivoiser, de tisser des liens et d’envisager avec confiance la future collaboration. Néanmoins, cette rencontre m’a réservé une grande surprise quant à mon séjour au Mexique qui n’est certainement pas la dernière. Après quelques mois d’apprentissage intensif d’espagnol, j’étais très heureuse de me débrouiller dans cette langue et avoir ainsi plus de chance de me faire comprendre et de discuter avec les personnes que j’aurai à côtoyer au Mexique. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que la langue parlée par la communauté dans laquelle je passerai une partie de mon temps est ... le totonaco. Vous avez dit le ...? Oui, le totonaco ! Une langue indigène parlée par 200’000 personnes dans la région Veracruz-Puebla et qui ne ressemble en rien aux langues latines ou germaniques que j’ai apprises jusqu’ici. Toute la vie sociale de ce village, mais aussi le culte, est en totonaco et si les jeunes parlent l’espagnol, ce n’est pas le cas d’une grande majorité des adultes. Un nouveau challenge à l’horizon ?

A vos marques?

Mon séjour à Cuba a été riche en découvertes qui me seront très certainement utiles pour la suite de mon aventure, riche également en rencontres que je n’oublierai pas de si tôt.


Prêt(e) ? Un temps pour découvrir le Mexique

La course n’a pas encore commencé ! Pour débuter mon séjour au Mexique et afin d’avoir l’occasion de découvrir les réalités diverses de ce pays, avant d’en faire partie pour deux ans, j’ai pu participer à la session de formation continue des pasteurs suisses « Du piment dans la mission de l’Eglise ». Ce voyage nous a amenés à passer quelques jours à Mexico City avant de nous envoler pour le Chiapas où une semaine intense de formation nous attendait.

Les journées ont été bien chargées tant au niveau de l’emploi du temps que des découvertes que nous avons faites. Au fil des ateliers et des interventions d’habitants du Chiapas, nous avons été à chaque fois un peu plus confrontés à des situations douloureuses de discrimination et de violence, bref d’injustice évidente. Comment est-ce possible qu’il y ait tant de personnes vivant dans la misère, pour certains sans eau courante ou électricité, alors que le Chiapas est l’état qui produit le 54% de l’énergie du pays et contient de grandes richesses en eau? Et puis, nous avons été confrontés à la question de notre propre responsabilité dans le phénomène de globalisation qui se développe certes au profit de certains, mais aussi aux dépens d’autres personnes, le Chiapas étant producteur de café que je consomme peut-être en Suisse.

Le Mexique est un pays pluriel grâce aux différentes cultures indigènes. Il y a environ 48 millions de personnes de 54 ethnies et qui ne parlent pas moins de 62 langues différentes. Et pourtant, il n’y a pas de reconnaissance réelle par l’état de cette richesse, et aucune politique de soutien aux cultures indigènes n’est offerte. La dévalorisation de ces cultures et la marginalisation de ces ethnies les ont menés à se retrouver dans les statistiques les plus sordides au niveau national. En effet, les 50 millions de pauvres et les 20 millions de personnes dans la misère que compte le Mexique sont constitués en grande partie, si ce n’est entièrement, par les peuples indigènes (93% des indigènes seraient en situation d’extrême pauvreté).
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Et la stratégie pour améliorer les statistiques et faire baisser le taux de chômage est très vicieuse, que dis-je, ironique ? Dernièrement, le président a déclaré que les vendeurs le long des routes ne sont pas des gens sans emploi, parce qu’ils ont chacun une petite entreprise en vendant des articles aux chauffeurs et passagers des voitures. A savoir s’ils gagnent le salaire minimum de 50 pesos (5 frs) par jour ? J’en doute !

Les images de maisons en bois ou en tôle sur le bord de la route qui, je le sais pertinemment, n’ont pas l’eau courante, pas d’électricité, pas de douche ni de vraies toilettes, la vision de femmes qui lavent leur linge à l’ancienne et des enfants qui courent sur des routes en terre battue, qui ne vont peut-être pas à l’école, resteront gravées dans ma mémoire. Du piment dans la mission de l’Eglise ? Certes, mais peut-être pas celui que nous aurions désiré... Oui cela aura été un temps qui dérange, qui perturbe ! Un temps qui m’a mis concrètement sous les yeux des situations d’injustice. Ce n’est maintenant plus une vague notion contre laquelle se battre, mais l’injustice a reçu un visage, elle s’est incarnée dans ces personnes que j’ai rencontrées au Chiapas. Un temps qui me perturbe profondément et intimement, car je sais que je vais partager, durant une partie du moins, une condition semblable. Certes, j’ai toujours été révoltée par l’injustice, mais suis-je prête à partager ces conditions de vie plus difficiles (pour une Européenne habituée à un certain confort) ? Suis-je prête à intégrer cette expérience dans mon histoire ? Prête ? Prête !

Partez ! Un temps pour vivre de grands contrastes

Voici un mois que j’ai vraiment déposé mes valises à Mexico, après un peu plus de six semaines de voyages et découvertes. J’ai eu depuis l’occasion de faire connaissance avec l’organisme qui m’accueille et de discuter de mon travail avec ses responsables. En voici un aperçu :

Le Séminaire Baptiste de Mexico

1972 est une date décisive pour le Séminaire Baptiste de Mexico (SBM), car cette année-là, la décision est prise de se concentrer sur le travail avec les communautés indigènes, en ayant comme souci premier de traiter des questions identitaires indigènes. La base ecclésiale à laquelle le SBM propose ses services de formation est le CICEM (le Conseil indigène paysan évangélique du Mexique) regroupant des Eglises baptistes et pentecôtistes et qui est divisé en 6 zones culturelles -linguistiques : mazahua, popoloca, mixteca, tsotsil, tseltal et totonaca/ nahuatl. Le SBM offre un cursus de formation à Mexico City (bachelor et licence en théologie) ainsi que la possibilité de suivre une formation biblico-théologique à distance, destinée aux pasteurs et membres des églises du CICEM.
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Mon travail

C’est dans le projet de la formation biblico-théologique à distance que je vais m’intégrer durant ces deux prochaines années. J’ai eu l’occasion d’observer lors des différentes visites que j’ai faites dans quelques-unes des zones du CICEM que les pasteurs et responsables d’église n’ont généralement que peu de connaissances bibliques- théologiques et encore moins d'outils pour faire leur travail. En effet, les prédications sont bien souvent une répétition du texte biblique sur la base d’une compréhension littérale de ce dernier et aucune actualisation n’est proposée. De plus, certaines de ces communautés ont une tendance « apocalyptique », mettant l’importance sur un au-delà meilleur et ne se souciant pas vraiment de la réalité présente qui n’est qu’un passage obligé. La nécessité d’une formation des pasteurs de ces églises est grande, tout comme leur envie d’apprendre ! Mon rôle sera d’une part d’accompagner 3 églises de la zone Totonaca-Nahuatl dans ce processus de formation dans le but d’apprendre à connaître la réalité de ces communautés et de voir quelle méthodologie est adéquate pour la formation dans ce contexte spécifique. En effet, mon mandat inclut d’autre part un travail de réflexion sur ce cours à distance, afin de proposer une optimisation de cette offre de formation qui puisse correspondre au mieux aux nécessités de ces églises.

Mes deux lieux de vie

Dès janvier, je partagerai mon temps entre Mexico City et Zongozotla à raison d’une dizaine de jours à la capitale et le reste du mois dans la Sierra Norte de Puebla. Je n’aurais pu avoir des lieux de vie plus différents l’un de l’autre. D’un côté, México City la jungle urbaine avec ses 20 millions d’habitants, des maisons à perte de vue, un bruit constant nuit et jour et où la notion de distance possède une autre échelle qu’en Suisse, car il me faut une heure pour aller au centre ville. Et de l’autre côté, Zongozotla, un humble petit village construit à flan de montagne dont la majorité des 4000 habitants se consacrent à la culture du café.

Il n’y a pas de doute, mon engagement avec DM-échange et mission sera un temps pour vivre de grands contrastes et qui sera également rempli de défis, comme mon intégration dans ce village parlant la majorité du temps le totonaco ou la réussite de mon accompagnement de ces églises pour la formation biblico-théologique. La course a commencé, c’est parti !

Il y a un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel, dit Qohélet... Le temps de l’Avent est déjà bien entamé et bientôt se pointe à l’horizon Noël ! Que cette fête puisse être un moment de paix et de repos pour chacun d’entre vous, mais surtout, je vous souhaite de pouvoir le vivre pleinement !

Je vous envoie mes meilleures salutations de Mexico !

Sarah

PS I : Pour voir l'intégrale des photos pour accompagner mon récit
http://s951.photobucket.com/albums/ad360/saba-mexico/Mexique%202009/Sierra%20Norte/

PS II : Une proposition cinématographique qui présente une problématique actuelle du Mexique : Los que se quedan (Mexico, 2008, dirigé par Juan Carlos Rulfo & Carlos Hagerman).
Cette lettre vous est adressée par l’organisation DM-échange et mission, qui rend mon engagement au Mexique possible. Je vous remercie pour chaque don qui permettra d’ajouter une pierre à la construction de mon projet.

Pour soutenir le travail de Sarah Badertscher au Mexique, utilisez le bulletin de versement joint, ccp 10-700- 2, avec la mention de son nom. D'avance un grand Merci!
DM-échange et mission, Ch. des Cèdres 5, 1004 Lausanne, 021 643 73 73, secretariat@dmr.ch