samedi 23 octobre 2010
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vendredi 22 octobre 2010
nouvelles d'octobre
Bonjour à tous,
Après presque deux mois depuis mon retour au Mexique, je me suis dit que c’était le moment de vous donner quelques nouvelles de mon travail, de mes aventures et mes découvertes que j’ai faites ces dernières semaines. Tout d’abord, je dois avouer que je ne savais pas trop quoi vous écrire. Je viens d’entamer ma deuxième année dans ce pays et je crois bien que je me suis un petit peu adaptée et « fondue » dans le paysage et la culture mexicaine… même s’il faut bien dire qu’occidentale je suis née et occidentale je resterai ;) Ce néant concernant le récit de ma vie ici et ma capacité à me laisser surprendre s’est fort heureusement bien vite dissipé et je garde en mémoire des idées d’histoires que je me permettrais de vous servir aux mois de novembre et décembre pour ne pas faire trop long cette fois-ci !
Si l’arrivée au Mexique, il y a exactement une année m’avait laissée pantoise sur le chemin de l’aéroport à mon futur domicile face à la vue presque terrifiante de la ville de mexico et des nombreuses publicités qui m’ont donné une indigestion visuelle après l’austérité de Cuba à ce niveau là, cette fois-ci j’ai eu l’impression de rentrer un peu chez-moi en ayant aussi le plaisir de reconnaître des odeurs que j’associe au Mexique et qui mine de rien m’avait inconsciemment manqués lors de mon bref séjour en suisse de cet été !
La traversée de la ville du nord au sud lors de mon arrivée m’a permis de voir que Mexico n’avait pas vraiment changé sauf pour les très nombreux drapeaux qui avaient été suspendus dans toutes les rues en prévision de la fête nationale du 15 septembre. Cette année le Mexique fêtait le bicentenaire de son indépendance. J’ai célébré ce jour non sur la place du Zocalo au centre ville de Mexico city avec très certainement un million de personnes et le président qui comme le veut la coutume a gonflé ses poumons pour le « grito », le cri appelant à la guerre de l’indépendance mais j’ai passé cette soirée avec les jeunes de l’église de Chimalhuacan qui m’ont invité à prêcher pour cette occasion. La soirée s’est poursuivie jusqu’au petit matin enchaînant jeux, histoires et blagues !
Le travail n’a donc pas attendu très longtemps à venir à moi et les demandes se sont enchaînées sans vraiment me laisser un moment de répit et cela continuera très certainement ainsi jusqu’à la fin de mon séjour ici. Dès mon arrivée l’année dernière, on m’avait prévenu que le non était en fait un oui caché pour les mexicains et je peux aujourd’hui le confirmer sans aucun doute. Mon temps de travail est partagé entre de l’enseignement pour les responsables du culte de l’enfance et dans le cadre de la formation biblico-théologique à Chimalhuacan, les rencontres du samedi avec les enfants du quartiers, l’organisation de la visite académique et d’un voyage d’un groupe suisse ainsi que le projet social d’une petit restaurant de quartier. Des projets très passionnants que je me réjouis beaucoup de réaliser. Etre avec les enfants lors des rencontres hebdomadaires est toujours un grand plaisir pour moi. La semaine dernière nous avons fait de la pizza pour 70 enfants et 15 adultes et je dois dire que j’étais très heureuse de l’aide que m’ont apporté ces apprentis cuisiniers en herbe, sans eux je n’y serais jamais arrivé ! J’ai appris ce samedi-là de la bouche de certains enfants que ma sauce tomate devait contenir un ingrédient magique parce que normalement ils n’aiment pas la sauce tomate et qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de personnes comme moi sur cette terre. Ca fait toujours plaisir ;)
Et puis, il faut aussi que je vous raconte quelques découvertes que j’ai faites dans les magasins. Tout d’abord, le Mexique est un pays particulièrement « magique » parce que selon la publicité de lala, une entreprise qui vend des produits laitiers, nous avons la chance de pouvoir acheter 13 sortes différentes de lait (sans lactose, avec fibre, sans cholestérol et j’en passe…). Et bien moi je réponds à Lala que dans la ferme à mon père, on pouvait trouver 40 sortes de lait différentes grâce aux 40 vaches qui y avaient élu domicile !
Et la seconde découverte je vous la laisse faire en image…..
(voir le 2ème mail)
Il est parfois très intéressant de lire le ticket de caisse en détail… car alors nous remarquons une phrase discrète et pas entièrement innocente tout en bas : s’il vous plaît, que les belles filles nous laissent leur numéro de téléphone…. Dites-moi, c’est aussi écrit sur les tickets de caisse suisses ?
Le Mexique me réserve donc chaque jour d’étonnantes et nouvelles découvertes que je me ferais un plaisir de vous conter dans un prochain mail de nouvelles ! En attendant, j’ai ouï dire que l’hiver faisait gentiment son entrée en suisse et je vous souhaite de pouvoir bien profiter de la neige, des mandarines et des thés à la cannelle qui ne peuvent manquer durant cette période de l’année!
Salutations ensoleillées de Mexico
samedi 31 juillet 2010
un petit bilan

Hello à tous,
Voilà bien longtemps que je ne vous ai pas donné de nouvelles en dehors de la lettre « officielle » de juin ! Alors je vais me rattraper un peu en commencant par remercier les personnes qui m’ont écrit un mail, donné de leurs nouvelles et réagi à ce que je racontais ! Ca me fait toujours plaisir. Voilà bientôt une année que je suis loin et avant de revenir en suisse pour quelques semaines, c’est le moment de faire un petit bilan. Qu’est-ce que cette année m’a apporté en découvertes, surprises et autres ? Voici quelques chiffres :
- + ou – 4000 mètres, c’est l’altitude la plus haute que mes petits poumons ont « dû » supporter. En avril, j’ai eu la chance d’aller avec une amie faire une belle randonnée pour presque atteindre le sommet du volcan de Toluca. Vu le peu d’informations que nous avons pu trouver sur internet avant de partir, c’est donc en improvisant que nous avons commencé l’aventure. Tout ce que nous savions, c’est qu’il était possible de loger vers 3000 mètres dans une cabane de montagne. Arrivées donc à la cabane, nous découvrons ce qui un jour a dû être un joli petit hôtel mais que nous avons trouvé dans un état de délabrement plus ou moins avancé (pas de courant, pas vraiment d’eau au toilette et l’état de propreté douteux). Après une très courte nuit emmitouflées dans deux couvertures, pulls, k-way avec capuchon etc.. parce qu’il faisait vraiment froid, nous nous sommes mis en route pour atteindre les deux cratères du volcan. L’excursion a vraiment valu la peine du début à la fin !
- 10 sur 31, c’est le nombre d’états dans lesquels j’ai eu l’occasion de séjourner un certains temps dans le cadre de mon travail. La durée va d’un jour dans l’état de Hidalgo à 4 mois dans l’état de Puebla. Ne me demandez pas si j’ai vu les coins connus du Mexique comme les fameuses villes de Puebla ou Oaxaca, car mes pas « professionnels » m’ont amenés à découvrir des coins des différentes régions montagneuses où la tranquilité de la nature règne en maîtresse. Une petite semaine de vacances m’a permis de découvrir le bord de mer dans l’état de Oaxaca. Si ca continue comme ça l’année prochaine, j’aurais mis le pieds dans 2/3 des états du Mexique en deux ans !
- 342 heures, c’est le temps que j’ai environ passé dans une voiture ou dans un bus ces 9 derniers mois sans compter les petits déplacements, le trajet le plus court étant de 2 heures et le plus long de 18 heures consécutives. Mon temps de déplacement pour aller à Chimalhuacan où je vais en moyenne trois fois par semaine est de 4 heures aller-retour. Voici un beau bus vert dans lequel on a la place de s’asseoir, les petits bus sont bien plus inconfortables car il n’y a pas la place pour les jambes entre deux sièges et je ne suis pas si grande que ça ! Mais depuis le temps, j’ai appris à dormir dans n’importe quel moyen de transport, juste le transport à dos d’âne que je n’ai pas encore essayé…
- 18 heures, c’est l’heure à laquelle il vaut mieux être chez soi que dans la rue durant la saison des pluies qui dure 6 mois (je me suis fait avoir quelques fois au début par exemple avec un sac à dos rempli de linge propre sur le dos et 20 minutes de marche à faire… charmant !). Chaque jour, c’est exactement à cette heure que les gros orages commencent, inondant les rues de mexico city en quelques minutes. Dans la périphérie de la ville, à Chimalhuacan, il est parfois alors impossible de rouler en voiture et l’averse faisant descendre des pierres, de la boue et autres éléments de la coline dans les rue de cette banlieue, les habitants nettoient CHAQUE JOUR les rues pour pouvoir se déplacer à nouveau en voiture. Ces inondations quotidiennes et inévitables, la ville et sa banlieue étant construites sur un ancien lac, sont vraiment impressionnantes !
- 15, c’est le nombre de fois que j’ai prêché depuis début janvier alors que j’avais décidé de ne pas faire mon stage pastoral pour ne pas devoir prêcher … trop souvent et que ma tâche « principale » au Mexique était et devrait être plutôt de l’enseignement. Mais vous savez quoi ? Au fil des mois et des prédications j’ai découvert que j’aimais bien prêcher ;-)
J’ai quitté donc le village de Zongozotla dans les montagnes de Puebla au mois de mai pour commencer à travailler à Chimalhuacan. Ces dernières semaines ont été bien remplies par le travail avec les enfants & les jeunes, la formation des responsables du culte de l’enfance, l’enseignement biblico-théologique et les prédications. C’est une nouvelle situation et des nouveaux lieux de travail qui me satisfont entièrement. J’ai aussi découvert ces derniers mois que ce n’est pas une évidence non plus en milieu urbain & péri-urbain de voir une femme prêché ou prendre des responsabilités dans l’église. Il n’est pas difficile d’imaginer la difficulté et le problème que ca a pu poser dans un petit village de montagne. Il me semble sage de commencer à tenter d’ouvrir des portes dans les églises urbaines & péri-urbaines avant de vouloir le faire dans la campagne mexicaine. Que va-t-il être possible de faire durant la 2ème année ?
- Et finalement, 1 sombrero et une paire de bottes ! Lorsque vous pensez aux mexicains, quelle est la première image qui vous vient à l’esprit ? Plusieurs personnes m’ont demandé si en suisse l’image « typique » que nous avions du mexicain était celui d’une personne avec un sombrero et des bottes. Est-ce vrai ? Pour ma part, je suis assez d’accord avec la déclaration d’un suisse que j’ai rencontré à Mexico city qui me disait que finalement les mexicains et les suisses se ressemblaient beaucoup ;-) Comment ? Je vous laisse réfléchir un peu et redemandez moi ! Allez, je veux tous vous voir avec un sombrero et des bottes cet été ! ;-)
Le bilan est donc positif sur toute la ligne pour cette première année ! En attendant le mois de septembre pour de nouvelles aventures, je vous souhaite un très bel été à chacun(e) et au plaisir d’avoir de vos nouvelles !
Lettre circulaire No 2
Lettre circulaire No 1
jeudi 4 février 2010
première semaine de vie à Zongozotla

Récit de ma première semaine à Zongozotla
Mardi, il est 4 heures du matin lorsque nous quittons (Carlos missionnaire américain et moi) la grande ville de mexico city que je n’ai encore jamais vu aussi silencieuse et paisible, pour nous mettre en route en direction de Zongozotla. Au fil du voyage, les larges et vastes plaines désertiques laissent la place aux collines verdoyantes, la vision des vaches broutant allégrement sur ces collines me fait penser à l’emmental, et puis finalement, c’est la lente montée sur une route bien accidentée, régulièrement bloquée par des blocs de rochers, qui nous mènent tout en haut d’une montagne, là où a été construit le village.
Café, pain, tortillas, haricots et poulet nous accueillent dans la cuisine où nous nous asseyons au coin du feu. Nous arrivons juste à temps pour le déjeuner que nous partageons avec une dizaines de personnes. Elles nous content les dernières nouvelles de la région. Contrairement à ce que l’on pourrait supposer, il ne fait pas chaud partout au Mexique. Les dernières semaines ont été glaciales par ici et le gel matinal a causé beaucoup de dégâts particulièrement aux plantes de café. La récolte qui se terminent dans quelques jours sera moins bonne cette année et ainsi le revenu aussi…
Mercredi, l’aménagement de mon logement se fait de manière collective. Pendant que je déballe et mets en place, je suis accompagnée de la chambre à la cuisine par une dizaine de femmes qui me donnent des conseils (le lit plus à gauche, la commode contre l’autre mur…) et c’est l’occasion pour moi d’apprendre mon premier mot de totonaco (lit = putama). Je remarque que la vie en communauté a beaucoup d’importance dans les cultures indigènes. Tant eux que mois sommes confrontés à une autre manière de vivre les relations. Au fil des rencontres et des discussions dans le village, je peux observer l’étonnement et même l’incompréhension que je suscite… Leur surprise est grande de savoir que cela fait quelques années que je ne vis plus sous le toit de mes parents mais le cauchemar serait pour eux de partir seul aussi loin de sa famille. Paradoxalement par nécessité, beaucoup de familles sans déchirées, les femmes séparées de leur mari, les enfants de leur père qui est parti aux USA afin de gagner assez d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille.
Jeudi soir est l’heure de ma première leçon de la formation biblique que je donne dans trois églises de la région. Le début du cours a été annoncé pour 18 heures, après 1h30 d’attente nous avons décidé de commencer avec les 3 participants présents. Une longue discussion avec eux m’a permise de découvrir que l’offre du séminaire (cours biblique) ne correspond pas vraiment aux demandes et besoins de ces églises (travail avec les enfants et les jeunes, prédications). Je vais devoir élargir le champ de mes activités. L’habitude d’étudier, de lire, de dire son opinion n’est pas ancrée dans la culture et beaucoup de femmes certaines analphabètes ne sont pas venues par peur de devoir lire et d’autres parce qu’elles ne comprennent pas l’espagnol. J’avais opté pour une manière d’enseigner qui met l’accent sur la participation de chacun, car finalement ce n’est pas ce que je raconte mais bien ce qu’ils racontent, leurs réflexions, interrogations et solutions qui sont intéressantes. Le défi est grand et le chemin sera long, mais j’ose espérer et rêver qu’avec le temps chacun partagera son avis et son récit de vie (les femmes aussi !).
Vendredi et samedi auront été pour moi l’occasion de visiter les deux autres églises (Huitzilan et Pahuatla) et de partager leur culte. Là aussi, les différences peut-être culturelles de vivre sa foi se sont fait remarquer. J’ai été attristé d’entendre parler d’injustices qui règnent dans la région comme la volonté de Dieu qu’il faut accepter (le fait de se faire rouler dans le prix du café, le fait que toute sa production de café disparaisse et que l’on ne soit pas payé). Comment de telles injustices peuvent-elles être la volonté de Dieu ? Pour le moment j’écoute humblement pour tenter de comprendre la culture, son fonctionnement et sa manière d’agir, de réagir… mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser aux prophètes, en particulier Amos, qui ont dénoncé plus d’une fois les injustices sociales, juridiques, économiques de leur époque.
Le simple fait de partager le quotidien confronte les uns et les autres à une autre manière de voir le monde, de vivre la vie. C’est un apprentissage qui je l’espère mènera à un enrichissement mutuel. Le premier rendez-vous a déjà été pris pour un échange de connaissance culinaire : tortillas versus biscuits !
Et pour terminer, on dit de la culture Totonaca que c’est une culture avec trois cœurs (fête, joie et sourire), sourire d’ailleurs légendaire représenté tout au long de son histoire par des masques. Et c’est vrai, j’ai pu découvrir tout au long de cette semaine des personnes généreuses, souriantes et avec un grand cœur. Voilà la plus belle découverte de cette première semaine à Zongozotla.
mercredi 6 janvier 2010
Images de rêve - Images réelles

Quelle belle image …… mais quelle utopie ! Avez-vous déjà rencontré un lieu sur cette terre qui ressemble à cette peinture, un lieu où les hommes, les animaux et la nature vivraient dans une parfaite harmonie ? L’artiste de cette peinture, Béatrice Aurora, a bien de l’imagination et il faut l’avouer, elle me donne envie de vivre dans un tel endroit. C’est une image de rêve qu’elle nous propose mais en même une utopie, une image sans lieu et sans attache qui ne peut exister que dans notre imaginaire. Mais dans quel monde vit-elle pour peindre de telles choses ? Le paradis ? Attachée à la cause zapatiste, c’est le Chiapas qui est son quotidien. Ses images réelles sont certainement semblables à celles de Mayra qui vit dans un petit village (60 familles) à la frontière avec le Guatemala. Chaque jour arrivent des gens d’Amérique Centrale dans l’espoir de traverser la frontière, puis le Mexique pour atteindre les Etats-Unis.
Dans ce petit village, il y a 4 bars (sous entendu lieux de prostitution) où les femmes émigrantes trouvent du travail pour gagner assez d’argent afin de continuer le voyage. Souvent elles terminent alcooliques et dépendantes à différentes drogues… Mayra possède un petit restaurant où viennent manger ces femmes, elle les écoute et les aide comme elle peut. C’est un endroit vraiment triste voir déprimant où il se passe des événements douloureux et pourtant elle continue à vivre là-bas… lorsqu’on lui a demandé pourquoi elle ne partait pas vivre dans un endroit plus sympa, elle a répondu qu’elle ne changerait d’endroit pour rien au monde parce que c’est dans ce petit village, en côtoyant ces femmes qu’elle découvre chaque jour la vie. En disant cela, ses yeux se sont illuminés, on pouvait sentir chez elle une telle motivation, un tel espoir et je me suis demandée quelle était son image de rêve qui lui illumine son présent, lui permet de s’engager pleinement dans la réalité et de faire face à ces images réelles si dures !